jeudi 21 novembre 2013

I/A/ L'expérience est une machination




Sur le théâtre de machines, on pourra consulter l'article suivant:
Figurer la mécanique: l'énigme des théâtres de machines de la Renaissance par Luisa Dolza et Hélène Vérin, Revue d'histoire moderne et contemporaine, 2004/2 n°51-2, p. 7 à 37


Synopsis:
La science moderne a fait de la machine le modèle épistémologique d'appréhension du monde. Ce faisant, elle a non seulement déterminé les modes de rationnalité du discours scientifique (l'expérimentation) mais aussi déterminé l'expérience que nous faisons du monde par et grâce à l'instrument. Le mécanisme est une instrumentation du monde, c'est-à-dire à la fois une compréhension de son mécanisme et une action sur ses effets.Ce faisant, la science est puissance de et sur la nature, autrement dit,  à la fois connaissance de l'ordre naturel des choses et action sur le monde.
Dès lors, l'expérience que nous faisons du monde est à la fois une certaine compréhension de ses mécanismes et en même temps une tentative d'imiter ce mécanisme dans des créatures artificielles comme les jacquemards (Le coq de l'horloge des 3 rois, Strasbourg) ou les automates (le canard digérateur de Vaucanson, 1733). Comprendre et imiter deviennent les pôle de cette science qui comprend désormais le monde comme cause et effet. Mais, il ne s'agit pas temps de se mesurer à la nature (nos automates sont-ils aussi parfaits que les êtres vivants?) que de dévoiler ses mécanismes et les reproduire. L'expérience est, en ce sens, est un machination: la compréhension d'un procédé (cause-effet) et sa mise en scène comme artifice. Ce faisant, c'est moins une alliance entre la science et la technique qui définit que notre modernité qu'une stricte identité. La science est machine en ce sens qu'elle est une puissance de la nature (connaissance des phénomènes de la nature) et puissance sur la nature (action sur les effets).
Ainsi, on peut affirmer que l'homme machine le (son) monde. Autrement dit, il machine le monde en ce sens qu'il le comprend sur le modèle de la machine; mais, ce faisant, il machine son monde en tant qu'il use des puissances de la nature pour un effet qui est autre.